Japan Sinks 2020

Que l’on aime ou pas Devilman Crybaby de Masaaki Yuasa, on sait très bien qu’il y a un univers propre à cet auteur graphiquement parlant et même au niveau du scénario. Alors en effet, il y a bien l’anime d’origine Devilman de Go Nagai sorti il y a environ 45 ans auparavant, et le script de l’adaptation est écrit par Ichirō Ōkouchi. Mais Masaaki Yuasa est bel et bien la tête pensante du projet. On sort carrément du lot avec les dessins déformés, les couleurs non-naturelles et intenses, et coté scénario, il s’agit de là un seinen pas comme les autres. On ne se prive pas de scènes extrêmes avec du sexe, de la vulgarité, du gore et des événements auxquels on ne s’y attend pas directement et qui arrivent d’un coup, sans prévenir. Et rien que pour cela, Devilman Crybaby fait parti des bases à connaître dans l’histoire des animés. Mais je ne suis pas là pour parler de cet œuvre. Mais bien de la dernière pépite de Masaaki Yuasa, en compagnie de Pyeon-Gang Ho à la réalisation, sorti il y a quelques mois : Japan Sinks 2020.

L’effondrement du Japon - Synopsis

Nous sommes au Japon en 2020 que l’on connaît tant avec sa grande culture. Tout le monde vit paisiblement, et continue leur routine habituelle. Assister à un cour de sport, voir les techniciens faire leurs travaux dans les normes, admirer les enfants jouer dans les jardins, une journée normale pour les japonais. Mais un drame se passe. Un tremblement de terre. Pas comme les autres. Un plus grand, beaucoup plus grand, tellement qu’il s’agit d’une des plus grandes catastrophes naturelles depuis des centaines, voir des milliers d’années. Beaucoup de blessés, et beaucoup de mort à l’écran… Est-ce que l’horreur est fini ? Est-ce que d’autres événements naturels de ce genre vont revenir ? Le Japon n’est plus un pays sûr où vivre ou… survivre. Comment la population vont réussir à s’en sortir ? Comment vont-ils trouver un endroit sans danger pour s’en remettre ?

De sensations intenses - Thèmes

Pour tout vous dire, je ne m’attendais pas à retrouver les mêmes sensations que dans Devilman Crybaby. Et c’est positif ! Masaaki Yuasa garde toujours sa même patte graphique et scénaristique. La seule grosse différence entre Japan Sinks 2020 et Devilman Crybaby est très évidente : le réalisme. Quand il s’agit du surnaturel pour le prédécesseur, il s’agit d’une approche très réaliste de notre monde d’aujourd’hui pour le dernier bébé. Une approche réaliste qui se ressent en tous points.

Quelques images de Devilman Crybaby.

Graphiquement parlant, on retrouve le style de Masaaki Yuasa dans les grandes lignes mais avec moins de déformations et de couleurs intenses. Ici on va garder les couleurs naturelles pour faire ressortir le coté humain et la nature. Des choses horribles vont se passer durant l’histoire et pourtant pas de déformations pour autant, afin de rester proche du spectateur. Comme ci cela pourrait nous arriver prochainement, dans la vraie vie. Et en voyant ça, j’ai eu une sensation de mal-être et de malaise. Ces mêmes sensations que je retrouve avec cet auteur, mais en plus intenses.

Je peux comprendre pourquoi on ne peut pas aimer le style de Masaaki Yuasa. Le malaise qu’on a en regardant ses œuvres peut faire déstabiliser certains. Et cette fois-ci, pour continuer dans ses habitudes, dans Japan Sinks 2020, on va aller plus loin dans le ressenti. Traumatisant. Oui « traumatisant » est le mot adéquat pour ce que vous allez vivre durant les premiers instants. Chaque fin d’épisode, il se passe de quelque chose d’intense. Personnellement, j’ai été choquée par l’événement en fin d’épisode 2. Et pourtant, j’ai continué l’animé car c’est réellement l’émotion voulu pour ce genre d’œuvre. Le tragique est tellement bien écrit mais attention il est poussé à fond. Passer l’étape de l’épisode 2, on peut comprendre ce qu’il peut arriver par la suite. Je me suis un peu habituée à l’ambiance, et c’est un peu regrettable. Mais le scénario est toujours bien écrit. On a très envie de comprendre la suite, de suivre les personnages, voir comment ils vont évoluer dans leur situation actuelle.

En mixant les protagonistes suivis et la réalité du Japon de nos jours, on va découvrir différents comportements qu’on peut retrouver actuellement chez les japonais, si une telle chose pourrait arriver demain. Quand le drame arrive, on observe les gens qui fuient, les enfants seuls qui pleurent sur place, du racisme et de l’égoïsme, mais aussi de l’entraide en tout genre et l’amour d’une famille. Le meilleur, comme le pire de l’espèce humaine. Basée sur le roman La Submersion du Japon de Sakyo Komatsu, qui a une approche plus nationaliste, Masaaki Yuasa a voulu faire les choses autrement. Il y inclut des personnages avec d’autres origines ethniques, pour aborder un thème qui lui tient plus à cœur, l’ouverture d’esprit.

Pour continuer dans le réalisme, dans l’histoire on va y inclure des recherches scientifiques pour étudier les phénomènes, et peut-être sauver la population de différentes manières. Au final, en regardant la série, nous sommes donc comme dans une sorte de simulation de catastrophes naturelles où l’on doit savoir comment se comporter lors de ce genre d’événement. Mais cette fois-ci, en beaucoup plus grand. La taille d’un pays entier : le Japon.

J’ai adoré voir Japan Sinks 2020. Malgré les événements tragiques, malgré des scènes traumatisants, j’ai pu aussi voir des scènes pleines d’émotions, d’amour et d’humanité. Oui j’ai pleuré, oui ça a fonctionné chez moi tellement que je l’ai regardé en une seule traite. J’ai encore plus pleuré quand, évidemment, j’écoute de superbes musiques douces et tristes au fond d’une scène intense, et surtout quand je revois l’opening après l’épisode 2.

Si vous êtes fans de Devilman Crybaby, vous savez déjà à quel point l’on peut ressentir des émotions fortes lors d’événements tragiques. Mais attention là c’est totalement différent en deux points. La première (et la plus grosse), je l’ai expliqué tout au long, c’est le réalisme. Pour la deuxième, c’est simple, le tragique est déjà là au commencement, contrairement à Devilman Crybaby où le tragique arrive vers la fin. Vous aurez peut-être la sensation que Japan Sinks 2020 soit moins bien que son prédécesseur. Mais pour ma part, ces deux points en poche, je trouve cela bien différent et du coup incomparable.

Et si vous ne connaissez pas Devilman Crybaby, et que vous êtes sensibles, je vous déconseille Japan Sinks 2020 fortement. Pour vous autres, je ne sais pas si l’animé pourrait vous plaire tellement qu’il y a une approche traumatisante. Soit ça passe, soit ça casse. Je vous conseille d’aller au moins jusqu’à l’épisode 2 pour avoir un aperçu du genre. Il s’agit d’un anime à part, avec sa propre identité bien éloignée de ce qu’on a l’habitude de voir.

Pour finir cette avis, je laisse ici un message d’espoir. Ce n’est pas parce que tout s’écroule autour de vous que vous devez abandonner vos projets, vos valeurs et vos proches. Dans la vie, de choses horribles peuvent se passer. Mais gardez le cap, accrochez-vous à ce que vous êtes ou voulez devenir. Et c’est ainsi que vous allez arriver à vos objectifs et à atteindre le bonheur. Restez forts, respectueux, et vivez.